Alain Lopez pasteur à Lyon - Décines et membre du Réseau Héritage
RNC: Bonjour Alain, merci de nous accorder quelques instants. Vous êtes né à Oran, alors comment l’Algérie de vos parents s’inscrit dans vos souvenirs et quel héritage « Pieds-noirs » vous reste-t-il ?
Je suis né en décembre 1955, et j’ai très peu de souvenirs de l’Algérie :
A la suite de la guerre, ma famille est venue à Lyon en juillet 1962, je n’avais pas encore 7 ans.
Mes grands-parents et mes parents ont été très marqués par cette période.
Mon père a échappé à la mort miraculeusement
La devise des pieds noirs c’était : « La valise ou le cercueil »
Mais plus tard, en avril 2009, un couple de missionnaires m’a invité à Oran. C’est à 47 ans, que j’ai pu revoir le lieu où je suis né, cela a été pour moi une source de guérison. La mer, le soleil, la famille et ses valeurs, l’hospitalité, les repas, la joie d’être simplement ensemble font partie de mon héritage
RNC: Votre mère a accepté Christ en écoutant Douglas Scott, un évangéliste anglais qui a consacré l’essentiel de son ministère en France. Le fait que ce missionnaire annonce l’évangile en écorchant le français dans un pays arabe vous inspire quoi aujourd’hui ?
Ma mère a connu le réveil que Dieu a suscité au travers du ministère de cet homme. Elle s’est convertie à l’âge de 20 ans suite au décès de ma sœur Michèle âgée de 3 ans. J’ai été très influencé par sa foi, sa vie de prière et son désir de témoigner. Elle a été pour moi une grande source d’inspiration. Ce que Dieu a fait dans le passé, il peut le faire aujourd’hui même dans des régions très hostiles à l’évangile.
RNC: Vous vivez une expérience avec Dieu à 15 ans dans un camp d’ados, plus tard vous faites des études en informatique et puis vous partez dans un collège biblique à Kolding au Danemark pendant deux ans. Pourquoi aller si loin pour se former ?
Je me suis marié avec Marie-Jo en mars 1977 et Jonathan notre premier enfant est né en avril 1981. Pour répondre à l’appel de Dieu, nous nous sommes dirigés vers des écoles bibliques en Belgique et en Angleterre, mais ces établissements n’acceptaient pas les couples avec enfant. C’est alors que Claude Stalin notre père spirituel, nous a parlé de Kolding, un collège de théologie du mouvement apostolique qui accueillait les familles.
RNC: Vous êtes pasteur dans la région Lyonnaise depuis 1985, et en 1993 la rencontre COEF 5 à Bordeaux impacte très fortement votre ministère. En quoi ce mouvement missionnaire francophone a bouleversé votre vision et votre appel ?
En effet, COEF5 Bordeaux a été pour moi un évènement qui a marqué mon ministère. Le fait de voir plusieurs nations, avec leurs drapeaux, leurs vêtements et d’entendre leurs chants, m’a ouvert les yeux sur la réalité du cœur de Dieu. J’ai pu percevoir la vision de cette foule de toutes tribus, de tous peuples, de toutes nations, de toutes langues, adorant l’Agneau. J’ai été convaincu à ce moment là que chaque nation était une feuille de guérison pour une autre nation.
RNC: Vous avez visité, de nombreux pays africains et un grand nombre de fois, quelle en est la raison profonde et qu’est ce qui vous attire sur ce continent ?
Depuis 1993, Dieu a permis que je sois en relation avec un ministère de Côte d’Ivoire et plus tard avec la mission Kalima travaillant en Afrique de l’Ouest. Je suis allé plusieurs fois en Côte d’Ivoire, Sénégal, Mali, Guinée Conakry, Niger, Cameroun, Congo Brazzaville. Ce qui m’attire, c’est la simplicité de cœur des africains !
RNC: Vous dites souvent « Je respire quand je suis en Afrique » Est ce que ça veut dire que vous étouffez en France ?
La Parole de Dieu nous parle des richesses et des ressources des nations. Quand je suis en Afrique, je me nourris de cette joie, de cette ferveur de nos frères et sœurs africains. Je suis fortifié par leur foi et leur persévérance dans la prière. En France, nous sommes confrontés à des forteresses de raisonnement, de religiosité, d’humanisme et d’incrédulité.
RNC: Ces dernières années vous allez particulièrement en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Guinée Conakry, qu’est ce qu’un pasteur français peut apporter aujourd’hui à ces anciennes colonies ?
Dieu est un Père qui aime ses enfants quel que soit leurs couleurs, leurs cultures et leurs origines. Nous sommes porteurs de l’amour de Dieu et nous avons reçu ce ministère de la réconciliation. Nous pouvons devenir une source de guérison pour ces peuples qui ont connu l’esclavage. Je veille à venir avec humilité et dans un esprit de service. J’aime travailler en équipe et j’exerce toujours le ministère avec mes frères et sœurs africains. Chaque peuple a besoin de voir une démonstration du Royaume de Dieu.
RNC: Pour terminer cette interview, que dites vous aujourd’hui aux jeunes pour leur transmettre votre passion africaine et votre vision des nations ?
Nous vivons une période d’apostasie et l’iniquité va grandissante. Ma conviction est que face à une « génération chaos » se lève une « génération lumière ». Nous sommes dans le temps de la moisson et Dieu cherche des ouvriers. Alors mon message pour chaque jeune c’est : Lève-toi et brille ! Sois saisi par la vision céleste ! Sors de ton confort ! Accomplis dans ta génération les projets de Dieu ! Ne t’arrête pas, ne t’installe pas, ne meurs pas ! Elargis ton cœur à la dimension du cœur de Dieu !